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Le cardinal de Richelieu avait pour habitude de stipendier des Ă©crivains ou des libellistes Ă sa gloire. Mais parfois, ceux-ci s’estimaient insuffisamment rĂ©compensĂ©s pour leur talent et se retournaient contre lui. D’autres adoptèrent une attitude de neutralitĂ© envers sa mĂ©moire, ne pouvant se retourner du jour au lendemain contre celui qui les avait nourri. Ce fut le cas d’un gentilhomme normand, Isaac de Benbserade qui finit acadĂ©micien sous Louis XIV. On sait que Richelieu avait créé l’acadĂ©mie française en 1634 mais il estimait Benserade trop jeune pour l’y faire entrer. D’oĂą l’Ă©pitaphe aigre-douce que celui-ci fit du cardinal.
- Cy-gist, oui, gist, par la mort-bleu !
- Le cardinal de Richelieu ;
- Et ce qui cause mon ennui,
- Ma pension avec lui.
- Ci-gît un fameux Cardinal
- Qui fit plus de mal que de bien
- Le bien qu’il fit, il le fit mal
- Le mal qu’il fit, il le fit bien.
Ce qui, repris par des satiristes après lui, donna;
Qu’on parle en mal ou bien du fameux Cardinal,
Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien :
Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal,
Il m’a fait trop de mal pour en dire du bien.
Cette satire a été attribuée par certains à Cornbeille, le fameux dramaturge.